Les affiches de Venise
2002 - 2003
Lors de l’hiver 2002, j’ai arpenté de nuit les rues de Venise pour prélever, sur les palissades recouvertes d’affiches d’exposition, des rectangles découpés dans l’épaisseur accumulée du papier. Le matin venu, je retournais photographier ces absences, parfois en retirant les nouvelles affiches fraîchement apposées par la municipalité. Chaque pièce se compose de ce fragment prélevé et de l’image du vide qu’il a laissé, réunis dans un présent partagé avec le spectateur. Les éléments extraits sont majoritairement des détails d’œuvres – fragments de corps, paysages – issus de différentes époques. Ce geste questionne la part d’appropriation dans le regard photographique, en tant que découpe du réel, tout en faisant émerger des strates de représentation (photographie, peinture, sculpture, dessin) et de temporalités entremêlées : mémoire intime et histoire collective, matière tangible et trace disparue, instant du geste et présence du regard.
In the winter of 2002, I walked the streets of Venice at night, cutting rectangles in the accumulated thickness of exhibition posters. In the morning, I returned to photograph these absences, sometimes removing freshly affixed new posters. Each piece is composed of this extracted fragment and the photograph of the void it has left, brought together in the viewer’s present. The details of works show fragments of bodies or landscapes from different eras. The point was to question the photographic gaze, insofar as it slices up reality in a frame, while at the same time showing multiple levels of representation (photography, painting, sculpture, drawing) and intertwined temporalities: intimate memory and collective history, tangible matter and vanished traces, the artist’s past gesture and the viewer’s present gaze.





