Ce texte est une commande de l’Association de la Cause Freudienne du Val-de-Loire Bretagne. Il a été publié dans la revue Accès, n.5, juin 2013.
Il y à Poitiers une gare depuis le 1er juillet 1851. Cette gare possède 8 quais, numérotés dans l’ordre 1, Z, 2, 4, 6, 8, 41, 43.
Il y a à Poitiers une Z.U.P., trois Z.A.C., une Z.P.R., vingt-sept Z.A.E. et un bar à bières belges qui s’appelle le Zinc (Zn, 30 sur le tableau périodique des éléments).
Deux monuments ont leur double à Poitiers : la Liberté éclairant le monde de Bartholdi brandissait en 1903 un globe électrifié en verre opalescent. Elle brandit aujourd’hui un obus en verre doré et régulièrement, les jeudis et les samedis soirs, des cônes de Lübeck en plastique orange. Le Manneken-Pis ornait en 1950 la cour du commissariat. Il est aujourd’hui derrière des ficus en plastique vert dans le hall de l’hôtel de police.
Quatre places ont des noms d’usage différents de leur nom officiel : La place du Maréchal-Leclerc est toujours appelée place d’Armes malgré la mort du Maréchal, la place Charles-de-Gaulle est toujours appelée place du Marché-Notre-Dame malgré la mort du Général, la place Aristide-Briand est toujours appelée place de la Préfecture malgré la mort du Président du Conseil et le square de la République est appelé square Magenta malgré l’inexistence de ce nom.
Ces places sont fréquentées quotidiennement par 592 pigeons dont 17% estropiés parmi lesquels 8% par le dispositif anti-pigeon installé en 1995 sur la façade de Notre-Dame-la-Grande.
La rue des Quatre-Roues est une voie pittoresque qui longe la rivière du Clain et les falaises sur 1,212 kilomètres. On y trouve trois moulins, deux ateliers d’artiste, deux restaurants, une boîte de nuit, une chambre d’hôte, deux bars, quarante-et-une oies et une table de pique-nique. Ce quartier est desservi par la ligne 64 des autobus, arrêt Quatre-Roues, à ne pas confondre avec l’arrêt Catroux de la ligne 6 dont la 64 est un affluent. Le voyageur risque de se retrouver beaucoup trop à l’est, à mi-chemin entre la maison d’arrêt et la D.D.A.S.S.
Des 8 églises romanes de Poitiers Notre-Dame-la-Grande fait les meilleures ventes en cartes postales; Saint-Jean-de-Montierneuf est la plus grande; Saint-Germain la plus petite; Sainte-Radegonde attire le plus de mystiques; Saint-Porchaire attire le plus de journalistes de télévision; Saint-Hilaire possède trois représentations de la Trinité; Saint-Hilaire-de-la-Celle possède deux connexions PC et audio, un vidéoprojecteur, trois micros HF et un écran 5×5; Saint-Nicolas est la seule dont les vestiges sont conservés dans l’arrière-cour d’une supérette.
Le territoire de Poitiers présente huit espèces d’oiseaux protégées par l’arrêté interministériel du 29 octobre 2009 : le rouge gorge familier, la mésange bleue, la mésange charbonnière, le roitelet à triple bandeau, le moineau domestique, la chouette effraie, le verdier des aulnes et le tarin des aulnes. En revanche l’allée des aulnes est une voie qui relie l’avenue du 8-mai-1945 à la rue de Chaumont, longeant la D 910 sur 315 mètres. Les rares adresses de cette rue ne sont pas numérotées.
En 1841 on inaugura un jet d’eau au centre de la place d’Armes. Il succédait à une statue de Louis XIV (1687), un arbre de la Liberté (1793), une colonne avec un génie ailé (1800). Lui ont succédé un bec de gaz (vers 1865), un arc de triomphe en carton-pâte (1918), un gigantesque parking (vers 1960), un second jet d’eau (1971) et strictement rien (2011).
41 est aussi le nombre utilisé par J.S. Bach pour camoufler son nom dans ses partitions. Il avait voyagé à pied de Arnstadt à Lübeck en 1705 mais ne vint jamais à Poitiers. Pourtant en 1743, alors qu’il examinait le grand orgue de la Johanneskirche de Leipzig, le Québec connut des températures record qui sont reportées sur le thermomètre du XIXe siècle se trouvant toujours sur une façade de la place d’armes.
Aux numéros 43 des rues, on trouve un audioprothésiste (rue Carnot), un local vide (rue du Maréchal-Foch), un plombier (rue Saint-Jacques), un salon de coiffure (rue de Provence), une agence immobilière (rue de la Marne), une université de Droit fondée en 1431 (place Charles-de-Gaulle) et une société de nettoyage fondée en 2007 (rue Magenta). À coté de la faculté de droit s’élevait encore avant 1785 le beffroi du Gros Horloge. Abattu en 1785, il mesurait 43 mètres de haut, soit 2,53 fois la hauteur du clocher de Notre-Dame, 70 fois celle du Manneken-Pis et 478 fois la taille moyenne du roitelet à triple bandeau.
